Ce samedi matin, la maman de Juliette demanda à celle-ci d’aller avec son petit frère Lucas chercher le pain à la boulangerie. En sortant de la boutique, elle vit en face un monsieur qui tendait la main et demandait l’aumône. L’homme portait un bonnet rouge de Père Noël, mais son allure restait misérable. Lucas, à qui Juliette avait donné la monnaie du pain, traversa la rue piétonne pour lui mettre les piécettes dans sa main gelée. Le monsieur versa les pièces rouges dans une longue boite, un tube en bambou décoré d’une étiquette rouge aux étranges lettres d’or puis il remis le couvercle et secoua la boite devant lui, à l’horizontale. Les pièces tintèrent à l’oreille de Lucas. « C’est beau, hein, p’tit gars ! Ça sonne bien ! » dit le vieil homme à Lucas immobile qui fixait la boite du regard. « Attends, p’tit gars, j’en ai d’autres. C’est le restaurant vietnamien qui me les donne. » dit-il à l’enfant en fouillant dans son sac. Il sortit deux tubes qu’il tendit devant lui et dit « Tu peux faire la même chose en mettant des graines dedans. C’est quoi ton p’tit nom, p’tit gars ? » « Lucas » répondit l’enfant en prenant les boites. « Joyeux Noël, Lucas. » lui dit-il avec un clin d’œil complice.
Sur la route du retour, Juliette promit à Lucas de l’aider à emballer ses cadeaux, ce qu’il firent rapidement une fois rentrés : un paquet pour Grand Ma, un pour Maman, un pour Papa. Lucas n’avait rien pour sa grande sœur. Il lui fera un dessin. Puis il se précipita dans la cuisine pour manger une croûte de pain frais. Il retrouva les deux boites en bambou qu’il avait posées près du pain et une idée lui vint. Ni une ni deux il profita du sachet de riz sorti, en vue du repas, pour remplir ses deux boîtes : une cuillère à soupe dans chaque bambou. Puis il demanda à sa maman : « Je peux prendre aussi des haricots ? » Sa mère, qui se demandait à quoi pouvait bien servir ce mélange de graines, lui donna une poignée de haricots secs. Luca les répartit dans les deux boites. Il remit les couvercles qu’il scella d’un tour de scotch large. Après avoir fait un petit dessin dessus, il écrivit comme il put à coté des lettres d’or : « JULIETTE NOEL » Il ne savait pas comment écrire “Joyeux”.